Ecriture intuitive: le désir
- laetitia079
- 15 nov. 2019
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 22 nov. 2019
“Le désir c'est l'appel à la vie, c'est ce qui nous permet de nous sentir pleinement vivants et de vivre la promesse d'une plénitude." - François GARAGNON
L'année dernière, l'art thérapie m'a emmenée sur les chemins de l'écriture intuitive, appelée aussi écriture automatique. Depuis je prends plaisir à la pratiquer.
CONCRÈTEMENT:
Si vous aussi avez envie de lâcher prise, je partage ma manière de procéder pour qu'émerge la voie du coeur parfois cachée par l'égo.
- Choisissez un moment où vous serez sûr-e de ne pas être dérangé-e.
- Prenez une feuille blanche et un stylo. C'est aussi possible sur votre ordinateur
- Accordez-vous du temps, pas cinq minutes sur le coin d'une table.
- Installez-vous dans le silence ou avec une musique de fond sans parole pour ne pas être influencer. Pour ma part, j'aime me laisser emporter par les albums de Michel Pépé.
- Écrivez sans relire. Ne vous préoccupez pas de l'orthographe, de la formulation des phrases. Vous n'êtes même pas obligé d'écrire des phrase. Mots, listes, dessins sont aussi possibles. Ne jugez pas vos écrits. Écrivez tout ce qui vous passe par la tête même "je ne sais pas quoi écrire, que pourrais-je dire à une feuille blanche..."
L'objectif est de retranscrire vos émotions, vos doutes, vos rêves, vos interrogations...

- Si ce sont des éléments dont vous avez envie de vous défaire, brûlez la feuille ou déposez la sous l'eau pour que l'encre soit emportée.
Si la page blanche, vous impressionne, vous pouvez choisir un mot et écrire toutes les associations, les évocations... qui arrivent. Quelques idées de thèmes: la peur, la colère, le bonheur, la famille, l'amitié, l'argent... ou tout autre sentiment ou valeur.
Si vous le souhaitez, je vous laisse aller prendre une feuille ou un carnet et à vos stylos. Cet exercice peut même devenir un rituel, un rendez-vous avec vous-même. À vous de faire de ce moment le vôtre. Je partage simplement ma pratique, peut-être en trouverez-vous d'autres ?
On dit que le désir naît de la volonté, c'est le contraire, c'est du désir que naît la volonté. Le désir est fils de l'organisation.” - Diderot

Habituellement, je n'écris pas sur un thème précis mais cette semaine l'accompagnatrice du parcours orientation de Co'naissances nous a demandé de réfléchir sur le notion de désir. Je vous livre mon texte sans filtre.
"DÉSIR, laisse le mot résonner en toi sans réfléchir. Écris au fil de la plume. Désir, désir d’enfant, désir partagé, désir. Un vaste mot. Désir de l’autre. Désir de ce que l’autre a. Jalousie. Derrière ce mot se cachent les ombres que je n’ose dévoiler, celles qui ne se disent pas, celles loin de la bienséance.
Désir, désirer, vouloir, posséder.
Ou désir comme envie, envie pressante, envie latente. EN-VIE tout simplement.
Pas si facile de se laisser emporter, de débrancher le mental pour que l’intuition s’engouffre dans la brèche et donne son opinion.
De profonds désirs m'habitent: que la vie soit belle, que je n’aie plus peur d’écouter les informations où magouilles, meurtres, bassesses, procès… en un mot noirceur humaine soit mise en avant. Pourquoi ne pas créer un journal télévisé de bonnes nouvelles ? d’initiatives innovantes ? Peut-être pour ne pas ressentir ce sentiment de culpabilité qui me dirait en les regardant : « Tu ne fais pas le quart de ces propositions pour faire avancer le monde. Quelle est ta contribution pour que l’humanité soit enfin bercée de paix ? »
Je me sens toute petite, parfois inutile dans ce monde où liberté, égalité, fraternité sont des mots affichés sur des vieux murs chargés d’histoire. Lumière et ténèbres s’affrontent depuis tant d’années.
J’ai la chance de vivre loin de la peur de perdre mes enfants à cause de malnutrition, loin de la peur de recevoir une roquette en sortant dans la rue, loin de la peur de me faire mutiler parce que je suis une femme, loin de la peur d’exposer mes idées parce qu’elles ne correspondraient pas au régime politique en place, loin de la peur d’être contrôlée sans mes papiers, loin de la peur de perdre mon logement… loin de tant de peurs dont certains de mes semblables ne peuvent s’échapper.
J’ai un toit, une famille aimante, une santé robuste, des activités plaisantes. J’ai même exercé le métier de mes rêves. Pour ainsi dire j’ai ce que je désire. Et pourtant, j’en veux plus. Je ne peux plus me contenter d’obéir, de suivre un chemin qui semblait tracer.
Alors cet exercice de désir est pour moi difficile. Bien sûr, je désire voyager, aller à la rencontre d’autres cultures, poursuivre mes apprentissages, continuer à vivre sereinement, m’engager dans des actions qui me feraient vibrer… Des désirs, j’en ai des dizaines. Certainement trop car je m’oriente dans de multiples directions et je sais bien que je ne pourrais toutes les atteindre en une seule vie. Ainsi quand je vois le nombre de gommettes déposés sur la mappemonde des pays à visiter, je souris intérieurement. Mais après tout et pourquoi pas? Oscar Wilde ne disait-il pas « Il faut toujours viser la lune, car même en cas d'échec, on atterrit dans les étoiles »
Je n’ai pas besoin de grand-chose pour être heureuse. Quand je me lève le matin et que j’invente des histoires ou crée des carnets, le temps ne semble plus avoir de prise. Alors mon désir le plus fou serait de publier des récits qui me permettraient de vivre sans m’inquiéter des contraintes financières, et plus de partager davantage. Ainsi, je parrainerai d’autres enfants parce que je suis toujours émerveillée par la gentillesse et la simplicité des courriers que je reçois de Bryanna, ma filleule rencontrée grâce à l'association Vision du monde. Être sa marraine remet les choses à leur juste place, loin de la société de consommation. Un jour, j’espère pouvoir la rencontrer avec sa famille pour les remercier. Leur dire MERCI DE ME RELIER À L'ESSENTIEL.
Parfois, j’ai l’impression de ne pas être née à la bonne époque ? Mais le temps que je désire a-t-il seulement déjà existé ? De mes cours d’histoires, je ne me souviens que des guerres, des révoltes, de la main mise d’hommes sur d’autres hommes… Je me souviens des avancées technologiques mais à quel prix ?
La bonne époque serait celle de la paix, d’un monde réunifié sans frontière où la cohabitation ne poserait aucun problème. Nous serions tous citoyens du monde vivant nos différences comme des richesses. La bonne époque serait celle où je laisse ma porte ouverte sans crainte. La bonne époque serait celle où chaque enfant serait heureux le matin de se rendre à l’école. La bonne époque serait celle d’un monde gagnant-gagnant alors que dominant-dominé st encore à l’ordre du jour.
Et en même temps, je contribue à l’exploitation humaine en achetant des produits moins chers fabriqués à des milliers de kilomètres. Je contribue à détruire la couche d’ozone en prenant l’avion. Je participe à la déforestation en mangeant du chocolat que je n’achète pas toujours équitable. Alors oui, je trie mes déchets, j’essaie de manger local, je suis flexitarienne… Et oui, parfois, je culpabilise de ne pas appartenir à la famille des zéros déchets, des vegan ou autres.
Mais au final, je suis une goutte d’eau constitutive du grand ensemble. Et si chaque goutte dansait dans la joie, nous formerions un océan aux multiples facettes, fidèle aux réverbérations des rayons de soleil sur la surface limpide, pourvoyeuse de paillettes lumineuses. Alors je fais de mon mieux et je tente de ranger ma culpabilité à double tour dans un placard hermétique. Mais il n’est pas rare qu’elle s’invite au détour d’une rue.

En effet, que puis-je désirer quand je marche et que je tombe nez à nez avec une jeune femme assise sur le macadam avec son bébé dans le bras ? Quelles différences entre elle et moi ? Aucune. Nous sommes faites de la même matière. Alors pourquoi est-elle au sol et pas moi ? Que puis-faire? Offrir un café, un sourire, un croissant… puis reprendre mon chemin. Elle me rappelle combien je suis heureuse d’emplir mes poumons, heureuse que le soleil caresse ma peau ou que la pluie m’apporte sa fraicheur, heureuse de pouvoir rentrer dans mon nid douillet, certes pas très grand ni clinquant mais c’est mon chez moi et je m’y sens bien, à l’abri.
Demain, je reprendrai mon chemin et je croiserai une autre personne qui porte la tristesse sur son visage. À nouveau, je lui sourirai et à nouveau je me sentirais chanceuse. Chanceuse que mon corps m’ait stoppé et que je ne sois pas cette femme au regard éteint et cerné. Quelle vie se cache derrière les traces bleutées ?
Puis le surlendemain, je sortirai à nouveau et j’entendrai une violente dispute. Quand les reproches pleuvront, j’ouvrirai mon cœur et j’enverrai des paillettes d’apaisement par la pensée.
Nous sommes tous un alors pourquoi suis-je si chanceuse?
À contrario, quand mon regard croisera celui d’un homme en costume-cravates, aux chaussures hors de prix et dont le corps entier émane force, je me sentirai inutile. Ces hommes et ces femmes, chirurgiens, ingénieurs, banquiers… qui font marcher le monde ont des compétences hors de ma portée, des responsabilités que je ne voudrais pas endosser. Alors ma petite vois s'élève et me rassure: tu pourrais avoir leurs compétences mais tu n'en as pas envie. C'est bien différent.
J’ai envie de crier. Pourquoi ai-je besoin de me comparer ? D’où vient ce sentiment d’infériorité ?
Alors je repense fortement à la goutte d’eau que je suis dans ce vaste ensemble. J’AI MOI AUSSI MA PLACE.
On pourrait croire que je me suis éloignée de la question initiale. Mais en fait pas tant que ça.
Si on reprend : quel désir ?
Trouver un juste équilibre. Être à ma place. Sans culpabilité. Simplement moi.
Désir d’être en accord avec moi-même, de trouver ma propre voie pour effacer le désir de l’autre.
Aller au cœur de soi, prendre le temps d’observer pour faire ressurgir mon moi profond. Ne plus avoir peur de mes désirs, me dégager du manque de confiance et aller de l’avant à la poursuite de mes rêves. Une route est tracée pour moi, elle est longue et sinueuse. Mais chaque virage me permet de nouveaux apprentissages. Mes désirs d’aujourd’hui ne sont plus les mêmes qu’hier et seront certainement différents dans le futur. L’essentiel est de les suivre, en me laissant guider par mon intuition er les signes de la synchronicité.
Décalage
Essentiel
S’échapper
Inspiration
Retrouvée







Commentaires